En 2024 : L'atelier du sensible

Quoi de plus évocateur qu’un atelier ? Un lieu de travail, de réparation ou de création. L’atelier évoque l’homme à l’œuvre, l’industrie, thématique de ce 21e jardin éphémère.

L’atelier peut être vert, c’est alors généralement une serre et le végétal s’y exprime. Il peut prendre d’autres couleurs. Le bois, le métal, le verre, le textile y sont alors travaillés. La création des jardiniers de la Ville de Nancy aborde ces multiples facettes industrielles. Le jardin prend la forme d’un engrenage géant sur la place Stanislas. De cette pièce emblématique s’enclenche toute la mécanique de l’Éphémère. Les onze scènes s’articuleront pour raconter l’histoire intime, parfois conflictuelle mais aussi coopérative entre l’inventivité sans fin de l’homme et l’élément naturel qui l’entoure ou plutôt dont il fait partie. Il sera question d’industries anciennes et prestigieuses, d’énergie, de nouvelles technologies et même de cartographies. Des coopérations inédites avec l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) ou la cristallerie Daum viendront étonner et surprendre.

What could be more evocative than a workshop?  A space for work, for repairs, for creation.  The workshop recalls a man at work, industry…The theme of this 21st Ephemeral Garden.  A workshop can be green, in which case it’s generally a greenhouse, and plant life expresses itself therein.  A workshop can take on other colors as well.  Wood, metal, glass, and textiles are worked on in these shops.  The gardeners of the City of Nancy have touched on each of these industrial facets in their beautiful creations this year.  The Ephemeral Garden this year is shaped like a giant gear wheel on Stanislaus Square.  This one emblematic piece sets in motion all the mechanics of the Ephemeral.  The 16 scenes fit together to tell the intimate story, sometimes conflictual but also cooperative between the infinite inventiveness of humankind and the natural elements that surround us…or rather, of which we ourselves are a part. The focus will be on old and prestigious industries, on energy, as well as on new technologies, and even cartography. Unprecedented collaborations with the National Institute of Geographic and Woodland information (IGN) and the Daum crystal glassworks will surprise and amaze.

Le plan du jardin

Les scènes du jardin

La phytoépuration est un nom compliqué pour exprimer une simplicité. Celle avec laquelle certaines plantes nettoient l’eau. Une eau dont l’homme a un besoin vital, viscéral. La technique et l’industrie viennent parfois altérer le vivant, en dégrader la qualité. En retenant, en captant les impuretés de l’eau grâce à des systèmes de filtres étagés, le roseau ou l’iris des marais, pour ne citer qu’eux, rendent un service fantastique avec leurs fortes racines filtrantes, tout en économisant une énergie précieuse. Les ressources en eau sont concernées mais aussi les sols ou l’air qui, déchargés de ces impuretés, sont de nouveau aptes à donner la vie. Là aussi, la plante alliée vient en sauveur d’équilibre. Mais cela ne doit pas encourager l’homme à polluer de nouveau !


Phyto-purification is a complicated name for a simple process: it allows us to clean water with certain plants. Water for which humankind has a vital, visceral need. Technology and industry sometimes alter the living, degrading the quality of living things. In retaining and in capturing the impurities in the water with tiered filter systems, the reeds and the marsh iris (just to name a few) provide an amazing service with their strong, filtering roots, all while saving precious energy. Water resources are obviously concerned, but also the soil and the air which, now clean of impurities, are once again adapted to give life. Here too, plants are our allies, maintaining balance. But this should not encourage us to continue to pollute !

Si le végétal possède son atelier du sensible, il l’a installé dans une serre. D’ordinaire, cette construction semiclose vise à protéger les cultures de l’aléa du climat, afin d’améliorer la production des plantes. Ici, elle est une pépinière d’idées nouvelles recouverte de panneaux solaires et protégée des feux de l’astre chaud par des claies d’ombrage. Dans la serre expérimentale, de la culture de l’ortie dont on fait déjà des habits à la luminescence qui donne à voir le végétal d’un autre oeil, tout y est harmonie. Le monde a besoin de poésie, la serre vous l’a servie.


If plants have a sensory workshop, it’s installed in a greenhouse. Usually, this type of semi-enclosed construction is designed to protect crops from the vagaries of the climate, as a way to improve plant production. Here, it's a nursery for new ideas, covered with solar panels and protected from the hot sun by shade screens. In the experimental greenhouse, from the cultivation of nettles that are already being made into clothes to the luminescence that gives us a new perspective on plants, everything is in harmony. The world needs poetry, and the greenhouse provides it.

Une nappe posée sur la place. Des fils de couleur qui s’entrecroisent et se tissent avec la vie végétale. Le Jacquard est une technique imaginée par Joseph Marie Jacquard, génial inventeur qui mit au point le métier à tisser qui porte toujours son nom. C’était en 1801. Ce même XIXe siècle industrieux a vu la naissance d’un fleuron de la région, la société Le Jacquard Français, qui fabrique toujours du linge de maison très haut de gamme dans les Vosges voisines.


A sheet is laid across the Place Stanislas. Lines of color intertwining and weaving themselves with plant life.  Jacquard is a technique devised by Joseph Marie Jacquard, an amazing inventor who perfected the loom that still bears his name. That was in 1801.  This same industrial 19th century saw the birth of a flagship company of our region, the Le Jacquard Français company, which continues to manufacture very high-quality house linens in the neighboring Vosges department.

Dans l’atelier, il y a l’établi, la table où l’ouvrier dépose l’objet qu’il façonne. Il y a aussi la lampe d’atelier qui éclaire l’ouvrage. Celle de l’Éphémère donne à voir et, originalité, elle produit du son, pour entendre la mécanique, la matière qui se transforme sous l’outil. Et quand des fleurs surgissent de la « table établi », elles célèbrent cette symphonie de l’homme à l’œuvre.


In the workshop, there is a workbench, where the craftsman places the object he is shaping.  There is also a workshop light that illuminates his handiwork.  The light at the Ephemeral is a sight to behold and, in an original twist, produces sound, so you can hear the mechanics of the material being transformed beneath the tool. And when flowers emerge from the "workbench table", they celebrate the symphony of man at work.

L’industrie du cristal est organiquement liée à la Lorraine. Elle fait corps avec la région, elle l’épouse, même. En 1878 à Nancy, Jean Daum est un pionnier. Dans la halle de sa cristallerie, de grands noms de l’Art nouveau imagineront leurs pièces, symboles de mouvement et de vie. Jacques Gruber, Henri Bergé, Amalric Walter, ainsi que les frères Schneider y feront leurs débuts. Rarement, artistes et manufacturiers auront occupé autant le même creuset créatif pour une épure magique. Et l’histoire industrielle continue en 2024, toujours à Nancy.


The crystal industry is organically linked to Lorraine. It is at one with the region, married to it even. In 1878 in Nancy, Jean Daum was a pioneer. In the halls of his crystal factory, the greatest names of the Art Nouveau movement imagined their own works, symbols of movement and life. It is here that Jacques Gruber, Henri Bergé, Amalric Walter, as well as the Schneider brothers, had their beginnings. Rarely have artists and manufacturers occupied the same creative crucible to attain such magical purity. And this industrial story continues in 2024, still in Nancy.
 

Le square Jules Dorget à Nancy porte le nom du jardinier d’Émile Gallé, fondateur et premier président de l’École de Nancy en 1901. Une épopée artistico-botanique unique où les jardiniers rêvaient avec les artistes et les entrepreneurs. Le square Dorget s’est installé sur l’ancien site industriel des constructions électriques de Nancy, reconverti en espace d’habitation. L’espace de nature a aussi adopté l’ancienne grille de la cité-jardin du parc de Saurupt. L’Éphémère célèbre donc Jules Dorget comme une évidence.


Jules Dorget square in Nancy is named after the gardener of Emile Gallé, founder and first President of the School of Nancy in 1901. A unique artistic and botanical endeavor where gardeners dreamed alongside artists and entrepreneurs. Dorget Square was created on Nancy’s former industrial site for electrical engineering, reconverted into living space. The natural space has also adopted the old gate from the city garden at the Parc de Saurupt. The Ephemeral celebrates Jules Dorget as a matter of course.

Une maison de bois où l’on parle de l’arbre ? Une architecture de l’homme pour évoquer la structure d’un végétal qui fascine depuis la nuit des temps ? Dans le pavillon dessiné par l’architecte Claude Valentin et construit par nos jardiniers, le bois dont est fait l’arbre est un matériau toujours vivant. Même lorsqu’il se retrouve dans une poutre, une lambourde, une solive. Et ce qui est raconté ici est aussi une mémoire. Des échantillons de bois transformés par l’homme côtoient des « volumes » extraits d’une belle sylvothèque d’essences abritée par l’École nationale du génie rural, des eaux et des forêts (ENGREF), école interne d’AgroParisTech présente à Nancy.


A wooden house where we talk about trees? An architectural structure made by man to evoke the structure of a plant that has fascinated us since the dawn of time? In the pavilion designed by architect Claude Valentin and constructed by our gardeners, the wood the tree is made of is a living material. Even when it is found in a beam, in wainscoting, or in a joist. What we see here is also a memoir. Wood samples transformed by man rub shoulders with volumes taken from a fine library of tree species housed at the Ecole nationale du génie rural, des eaux et des forêts (ENGREF), an internal school of AgroParisTech based in Nancy.
 

La carte se déplie sur la place. Et c’est un grand jeu qui commence. Que l’on parle de forêt ou de passé industriel nancéien, cet objet cartographique est magique. Là, sous la semelle du visiteur, un monde se déploie dans le détail infime. Un pas de côté et un autre univers apparaît. Se déplacer sur la carte, c’est déjà voyager, les explorateurs vous le diront tous. Alors, partez pour votre périple éphémère, n’emportez rien, que votre besace d’imaginaire.


The map unfolds on the square. And that's where the big game begins. Whether it's about the forest or Nancy's industrial past, this cartographic object is magical. Here, under the soles of the visitor, a world unfolds in minute detail. One misstep and another universe appears. Moving around on the map is already a journey. Any explorer will tell you. So go ahead and set off on your ephemeral adventure, no need to take anything except your imagination.

La friche industrielle est souvent considérée comme un territoire délaissé. C’est faire peu de cas de la grande diversité de plantes et de la vie qui s’y déploient. Du bouleau, arbre pionnier à la cymbalaire, du grand plantain à l’orpin blanc qui colonisent les interstices des dalles de béton, les trous dans le bitume ou le ballast sont vite occupés. Puis s’invite le cortège des plantes éphémères et prolifiques en graines, emmenées par le coquelicot et la moutarde des champs. Des végétaux adaptables et chevronnés ? Certes, mais si cette scène de l’Éphémère est en forme de double chevron, c’est aussi en hommage à un industriel de génie. André Citroën a d’abord breveté un procédé d’engrenages à double denture en chevron avant d’inventer des automobiles qui arboreront ce symbole sur leurs calandres.


Industrial wasteland is often regarded as a neglected territory. This type of thinking overlooks the great diversity of plants and life that thrives there. From the pioneering birch tree to the cymbalaria, from the large plantain to the white thistle that colonize the interstices of concrete slabs, the holes in the asphalt or ballast are quickly occupied. Then comes the procession of ephemeral, seed-prolific plants, led by poppies and wild mustard. Adaptable, seasoned plants? Certainly, but if this scene of the Ephemeral is in the shape of a double chevron, its also in homage to an industrial genius. André Citroën first copyrighted a process of double-toothed, chevron-shaped gears before inventing the automobiles that carry this symbol on their front grills.
 

Réchauffement climatique, raréfaction des énergies fossiles et conflit russo-ukrainien, trois motifs de penser que le nucléaire est plus que jamais un sujet d’actualité lorsqu’on évoque le dialogue nécessaire entre industrie et environnement. Du début des années 1960 aux années 1980, le photographe Jean Pottier trouve la juste distance pour saisir les enjeux de société qu’implique cette énergie nouvelle. Le photojournaliste saisit, avec la même distance, la démesure des centrales en construction et les premières luttes locales contre leur installation. Un rappel historique nécessaire.


Global warming, fossil fuel scarcity, and the Russian-Ukrainian conflict: three reasons why nuclear power is a hot topic in the dialogue between industry and the environment. From the 1960s to the 1980s, photographer Jean Pottier captured the societal issues related to this new energy. He documented both the scale of the plants being built and the early local protests against their construction.

Willy Ronis découvre les usines et les espaces industriels lors des reportages que lui commande le magazine communiste Regards à la fin des années 1930, notamment lors de la grève de l’usine Citroën en 1938 pendant laquelle il photographie la syndicaliste Rose Zehner. Après-guerre, le photographe répond aussi à des commandes industrielles. Observateur attentif du monde du travail, il traque les épisodes « imprévus, très intéressants et impossibles à reconstituer après coup ». Alors que son oeuvre est reconnue à partir du début des années 1980, Willy Ronis va montrer dans ses livres et ses expositions, des images autrefois destinées à la presse ou aux publications professionnelles des entreprises. Dans les albums qu’il réalise à la fin de sa carrière, il commentera un certain nombre d’entre elles.


Willy Ronis discovered factories and industrial spaces when he was commissioned by the Communist magazine Regards in the late 1930s, in particular during the Citroën factory strike in 1938, when he photographed the trade unionist Rose Zehner.  Post-wartime, he also took on industrial commissions.  An attentive observer of the world of work, he hunted for moments that were “unplanned, very interesting, and impossible to recreate after the fact”.
While his work was recognized starting in the early 1980s, Willy Ronis would show in his books and expositions images that had been destined for the press or for professional publications within companies.  In the photo books he published at the end of his career, he comments on several of them.

Le jardin en chiffres

  • 2 560 m² de surface totale du jardin | total garden area
  • 180 m linéaires de périmètre du jardin | perimeter of garden
  • 11 scènes végétales  | plant-life scenes
  • 330 assises | seats
  • 180 m linéaires de barrières | fencing
  • 530 m² de gazon | lawn grass
  • 75 m² de platelage | decking
  • 450 m linéaires de cordons lumineux | strings of lights
  • 120 spots | spotlights
  • 22 tables | tables
  • 96 Pots cannelés | grooved pots
  • 600 m linéaires de bordures | edging
  • 7 500 végétaux dont 18 arbres | plants, of which 18 are trees
  • 22 partenaires

Événements

Spectacle de drones

Jeudi 3 octobre à 22h30

Les visites découvertes

Les 9, 10, 21, 23, 29 et 30 octobre à 11h.

Les visites botaniques

Les dimanches 13 et 27 octobre à 15h.

Les « casse-croûte » conférences

Mercredi 9 octobre à 12h
Les Métaux au coeur des transitions énergétique et digitale
GeoRessources CNRS / Université de Lorraine
Jeudi 10 octobre à 12h
11,4 milliards d’arbres qui produisent du bois
IGN
Lundi 21 octobre à 12h
Le captage de dioxyde de carbone
LRGP CNRS / Université de Lorraine
Mercredi 23 octobre à 12h
Lire le dessous des cartes
IGN
Mardi 29 octobre à 12h
La forêt, « pompe à carbone » ?
IGN
Mercredi 30 octobre à 12h
Les sols industriels : une ressource à valoriser
LIEC CNRS / Université de Lorraine