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Son histoire
Au XVIIIe siècle, la venue de Stanislas en Lorraine va transformer la ville de Nancy et marquer son territoire d’une empreinte digne des cités princières. Reconnu patrimoine mondial par l’UNESCO en 1983, l’ensemble architectural est aujourd’hui au cœur du site remarquable de Nancy.
Son histoire
Au XVIIIe siècle, la venue de Stanislas en Lorraine va transformer la ville de Nancy et marquer son territoire d’une empreinte digne des cités princières. Reconnu patrimoine mondial par l’UNESCO en 1983, l’ensemble architectural est aujourd’hui au cœur du site remarquable de Nancy.
Stanislas le bâtisseur
À son arrivée dans la cité ducale en 1737, Stanislas Leszczynski (1677-1766) découvre une ville divisée en deux ensembles urbains distincts séparés par un front bastionné, des fossés et une esplanade.
Au nord, la Ville Vieille, médiévale, à la forme concentrique, où siège le palais ducal ; au sud, la Ville Neuve, Renaissance, aux rues droites et parallèles, voulue par Charles III (1543-1608) au XVIIe siècle.
Déchargé de toute obligation gouvernementale, Stanislas jouit d’une rente conséquente que lui verse le roi de France, son gendre. Il l’emploie pour développer de nombreuses œuvres caritatives et défendre l’art et la culture, où l’architecture et l’urbanisme prennent une part considérable.
En 1751, il fait part au maréchal de Belle-Isle, gouverneur français des Trois Évêchés et lieutenant général de Lorraine, de son projet d’embellissement de Nancy et de sa volonté d’édifier une place Royale à l’endroit de l’esplanade qui sépare les deux villes.
Le maréchal s’oppose fermement à cette idée qui implique la destruction des bastions d’Haussonville, dont les vestiges sont visibles au sous-sol du musée des Beaux-Arts, et de Vaudémont ainsi que du rempart qui les relie.
Stanislas envisage alors de délocaliser le projet pour le réaliser place du Marché en Ville Neuve, devant l’église Saint-Sébastien. Mais, face à la l’hostilité des commerçants, il revint à son idée initiale qu’il adapte de façon à satisfaire les exigences militaires des Français. Après de nombreuses négociations, le programme est validé le 20 janvier 1752.
Les travaux démarrent le 18 mars de la même année. Le chantier est mené tambour battant. Stanislas va y consacrer toute son énergie et une grande part de ses finances. Il réunit autour de lui des architectes et artistes d’exception et fait appel à plusieurs centaines d’ouvriers. La place sera inaugurée le 26 novembre 1755.
Une place aux multiples enjeux
C’est un véritable défi que Stanislas confie à son premier architecte Emmanuel Héré (1705-1763), en commandant une place susceptible de s'attirer les faveurs du monarque.
Enjeu politique
L'ambition est d'élever une place en l’honneur du roi de France, Louis XV, son gendre, qui deviendra le souverain des Lorrains à la mort de Stanislas. À noter qu’au fur et à mesure que l’on s’approche de l’hôtel de ville, la symbolique des éléments décoratifs va mettre en valeur Stanislas au détriment de son gendre. Un balcon sur deux de l’hôtel de ville porte ses initiales ; le fronton est orné par les armoiries polonaises associées à celles de la ville. A l’intérieur, l’image de Louis XV disparaît complètement et l’ensemble des décors du salon Carré vantent Stanislas et ses œuvres.)
Enjeu urbain
Relier deux centres historiques afin d'unifier la ville. Le projet d’Emmanuel Héré s'appuie sur le tracé directeur de la place de la Carrière, construite par Chrétienne de Danemark au XVIe siècle, dont l'axe central va servir de colonne vertébrale à l'ensemble architectural. De chaque côté de cette ligne, se décline une parfaite symétrie, la construction des deux places, du nouveau palais de l'Intendance (actuel palais du Gouvernement ) jusqu'à l'Hôtel de Ville et l'arc de triomphe.
Il pousse la perspective comme une ligne sans fin au-delà des deux principaux édifices en ouvrant le péristyle du palais de l’Intendance sur un jardin, auquel répond au sud, le trompe-l’œil peint par Jean Girardet et André Joly dans la cage d'escalier d'honneur de l'hôtel de ville dont le motif donne le sentiment que l'édifice s’ouvre également sur un espace paysagé.
Il s'inspire de l'architecture classique de l'hôtel de Craon, construit par Germain Boffrand quarante ans plus tôt, pour dessiner les élévations des bâtiments de la place Royale, et choisit d’y ajouter les touches de légèreté et de mouvement en collaborant avec le serrurier ordinaire de Stanislas, Jean Lamour (1698-1771) qui habille et encadre les façades de ses volubiles ouvrages en fer forgé doré à la feuille...
Les bâtiments et décors de la place Royale
Le Pavillon de l’Hôtel de Ville - Pour la construction du plus grand édifice destiné à accueillir l’hôtel de ville, il a été nécessaire d’acheter les hôtels particuliers qui gênaient le projet, de les détruire en partie et de camoufler ce qui en reste derrière la nouvelle façade (hôtel de Rouerkes, Gerbevillers et Juvrecourt, dont certains éléments architecturaux apparaissent encore à l’intérieur de l’hôtel de ville tels que les chasse-roues que l’on voit au rez-de-chaussée). Ainsi, derrière les 90 m de façade seule une partie est réellement dédiée à l’hôtel de ville. Le reste continue à être occupé par des particuliers.
Le Pavillon Alliot (actuellement Grand Hôtel) a gardé le nom de son premier propriétaire, l’intendant de la maison de Stanislas. Il change souvent d’occupants et d’usages jusqu’à l’ouverture du Grand hôtel de la Reine, du nom de Marie-Antoinette qui fait étape à Nancy en se rendant à Versailles pour épouser le futur Louis XVI.
L’Hôtel des Fermes (centre des Impôts) est devenu Évêché jusqu’à la séparation de l’Église et de l’État en 1905, puis transformé en 1919 en Opéra.
L’Hôtel du Collège de Médecine et de Chirurgie accueillait dans un deuxième corps de bâtiment, le théâtre de la Comédie détruit dans un incendie en 1906. L’actuel Musée des Beaux Arts n’est installé dans ces lieux que depuis 1936.
Le Pavillon Jacquet qui demeurera toujours une propriété privée.
Les « basses faces », bâtiments limité à un seul étage pour ne pas gêner, en cas de besoin, les tirs des canons depuis les remparts de la Ville Vieille.
Les fontaines de la place sont conçues pour maintenir les angles dégagés tout en masquant les bastions situés à l’arrière. Au centre d’un triple portique en fer forgé, confié aux soins de Jean Lamour, est disposé un ensemble de bassins ornés de sculptures en plomb dû à Barthélemy Guibal, dont la thématique fait référence à la sculpture versaillaise : Neptune et Amphitrite, juchés sur une coquille en porte-à-faux sur un rocher, entourés de naïades, fleuves, putti et animaux marins. L’ensemble mêle rocaille et baroque. La composition pyramidale conduit l’œil jusqu’à l’écu à fleur de lys de la monarchie française.
La statue de Louis XV
Œuvre de Dieudonné Barthélémy Guibal et Paul Louis Cyfflé, la statue représente le monarque debout, vêtu d’un costume à l’antique et tenant d’une main le bâton de commandement, le visage tourné vers l’ouest, c'est-à-dire vers la France.
Durant la période révolutionnaire, le décret du 14 août 1792 ordonne la disparition des emblèmes royaux. « L'Assemblée nationale, considérant que les principes sacrés de la Liberté et de l'Égalité ne permettent point de laisser plus longtemps sous les yeux du peuple français les monuments élevés à l'orgueil, aux préjugés et à la tyrannie ; et considérant que le bronze de ces monuments, converti en canons, servira utilement à la défense de la Patrie, décrète [que …] toutes les statues, bas-reliefs et autres monuments […] élevés sur les places publiques, seront enlevés par les soins des représentants des communes […]. »
Ainsi, en septembre 1792, malgré une pétition faite par certains citoyens nancéiens, la statue de Louis XV est descendue de son piédestal et enterrée au pied de son socle. Mais suite à un courrier du ministère de l’Intérieur, la statue est exhumée et démembrée à la fin du mois de novembre suivant. Le 23 janvier 1793, elle est vendue au poids et envoyée à la fonderie de Metz.
La statue Stanislas
Sous le Consulat, la société académique de Nancy projette d'ériger un monument en l'honneur de Stanislas. Un premier projet est prévu pour la place de la Carrière, puis pour le socle de l’ancienne statue royale. Une souscription est lancée dans les départements de la Meurthe, des Vosges et de la Meuse.
C’est au sculpteur Georges Jacquot (1794-1874) qu’est confiée la réalisation d’une statue représentant le monarque en habits polonais vêtu du manteau royal. Le 12 mai 1826, la commande est passée pour 6 000 francs. La statue de Stanislas, coulée par le fondeur Soyer, est réceptionnée le 22 octobre 1831. Elle pèse 5 400 kg et mesure 4,13 m.
Remplaçant la statue de Louis XV, celle de Stanislas n’en n’est pas moins un éloge au monarque. De son doigt tendu, Stanislas montre le médaillon du roi de France que soutient le groupe de la Renommée en haut de l’arc de triomphe.
Le saviez-vous ?
Sous les pavés, un trésor...
Sous ce pavé de la place Stanislas marqué d'une étoile est enfoui un trésor, à l'initiative de l'artiste Daniel Denise pendant la rénovation de la place Stanislas de 2005.
Le coffret enterré abrite une météorite lunaire offerte par le CRPG, une édition de L'Est Républicain au 250ème anniversaire de la place et un livre contenant des pensées, maximes, dessins, photos de Nancéiens et des ouvriers du chantier. Sur la couverture de ce volume est inscrit en lettres d'or : "Un p'tit peu de lumière sous la terre". Un bel héritage pour les générations futures.
Dragons et légende...
La ville de Nancy fut construite au XIe siècle sur un emplacement naturel meuble, entre deux marais de la Meurthe et en bordure de l’étang Saint-Jean. Si meuble que pour assurer sa stabilité, la place Stanislas fut construite sur pilotis.
La légende veut que cette vaste zone marécageuse, destinée à la future place, était peuplée de dragons. Réveillés et chassés de leur territoire par le projet de Stanislas, ils sont ainsi immortalisés dans le décor des fontaines Neptune et Amphitrite de la place.
Cet hommage n’a cependant pas éteint le feu et la colère des dragons. Par vengeance, ils seraient à l'origine de l'incendie provoquant la mort de Stanislas, grièvement brûlé par un jet de braises qui enflamma sa robe de chambre. Stanislas décéda le 23 février 1766, après dix-huit jours d'agonie.
On raconte également que le château de Lunéville souffrirait de la colère des légendaires créatures. Une malédiction le suit depuis 1719, avec 13 incendies connus en l’espace de 300 ans, dont le dernier date du 2 janvier 2003.
L'inscription sans nom...
En 1751, Stanislas décida de bâtir l'ensemble architectural afin de rendre hommage à son gendre, le roi Louis XV, et permettre la réunification de la Ville Vieille médiévale et la Ville Neuve du duc Charles III. La place s'appelait alors place Royale et c'est la statue de Louis XV qui trônait en son centre, sur le piédestal occupé aujourd'hui par le duc de Lorraine. Le nom "PLACE ROYALE" fut ainsi gravé dans la pierre sur quatre façades (Hôtel de la Reine, Opération National, Musée des Beaux Arts et pavillon Jacquet).
Aujourd'hui, on devine uniquement le mot "PLACE". La Révolution française mit en effet fin à l'appellation d'origine. Le terme "ROYALE" fut supprimé et la place, renommée place du Peuple en 1792. Ce n'est que des années plus tard que la place prit le nom de place Stanislas, en reconnaissance au « Bienfaisant ».
Les méridiennes
Avez-vous remarqué ces tiges métalliques apposées sur la façade du pavillon Jacquet et au-dessus de la brasserie Jean Lamour ? Ce ne sont pas des ornements mais des méridiennes.
Ces instruments réalisés par l'horloger Michel-Joseph Ransonet, permettaient de régler les montres, peu précises au XVIIe et XVIIIe siècle, sur le midi solaire grâce à une ombre projetée laissant passer un rayon de soleil, qui doit rentrer en contact avec un tracé vertical.
Quelques dates après l'ère Stanislas
- 1838 La Pépinière devient un jardin public ; pour faciliter son accès depuis la place Stanislas, les deux petites fontaines qui encadraient celle d’Amphitrite sont détruites.
- 1906 La Comédie est détruite dans un incendie.
- 1919 Ouverture de l’Opéra construit par Joseph Hornecker (1873-1942)
- 1936 Installation de l’actuel musée des Beaux-Arts
- 1961 Premier défilé du cortège de saint Nicolas arrivant place Stanislas
- 1983 L’UNESCO considère que l’ensemble architectural composé par les places Stanislas, de la Carrière et d’Alliance, représente « un chef-d’œuvre du génie créateur humain » et offre « un exemple éminent d’un type de construction ou d’ensemble architectural ou technologique ou de paysage illustrant une ou des périodes significative(s) de l’histoire humaine ». Ces deux critères, lui ont valu d’être classé au patrimoine mondial de l’humanité.
- 2005 Après deux ans de travaux, la place est métamorphosée et devient entièrement piétonne. Les nouveaux aménagements ont été inspirés par le tableau qui se trouve au château de Pange.
- 2003 Première édition du jardin éphémère réalisé par la direction des parcs et jardins de la Ville de Nancy
- 2007 Première édition des Rendez-vous place Stanislas