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Temps fort
Vœux de Mathieu Klein
Se Retrouver, se Rassembler, se Rapprocher
Retour en images sur la cérémonie du 4 janvier 2025 au Centre d'Incendie et de Secours Nancy-Rives de Meurthe
Ce temps de convivialité, ouvert à toutes et à tous a été l’occasion d’évoquer les projets de l’année à venir en termes d’attractivité, de mobilités, de solidarités, d’aménagements ou encore de transition écologique.
Mesdames et Messieurs,
Il y a quelque chose de rassurant à nous retrouver chaque premier samedi de l’année pour cette traditionnelle cérémonie des vœux.
Se retrouver pour se connaître et se reconnaître, pour redécouvrir ensemble notre ville, son quotidien et son devenir.
Se retrouver pour regarder dans le rétroviseur, bien sûr, et constater les réalisations et le chemin parcouru. Surtout, et en premier lieu, poser ensemble les défis qui se trouvent face à nous, tracer le chemin que nous allons parcourir ensemble, en fixer le cap, en dessiner les étapes et s’assurer que chacune et chacun puisse arriver à bon port.
La cérémonie des vœux, c’est enfin, à l’aube de l’année nouvelle, se donner ensemble des raisons d’espérer et d’agir.
De ce point de vue, le choix de nous retrouver ici, dans ce nouveau Centre de secours n’est pas anodin et je veux remercier chaleureusement les sapeurs-pompiers qui nous accueillent aujourd’hui. Espérer et agir, disais-je. Eux agissent, toujours, et parfois au péril de leur vie. Et grâce à eux, par leur présence, leur action et leur secours, il nous est permis d’espérer, même lorsque l’accident, l’incident de santé, l’incendie ou quelque autre malheur vient frapper à notre porte. À travers eux, je veux saluer toutes celles et tous ceux qui, agents de la fonction publique, médecins, professionnels de santé, militaires, gendarmes, douaniers et policiers, nous assurent protection et secours.
Hier encore, rue Mazagran, ils ont tenté de porter secours à Djibril Nemma, un adolescent de 14 ans qui n’a malheureusement pas survécu au choc avec un bus du Réseau Stan. À sa famille et ses proches, je veux dire notre profonde compassion et notre solidarité.
Chaque jour, chaque seconde depuis le 14 décembre, ils portent assistance à nos compatriotes mahorais, à qui je veux dédier cette cérémonie de vœux, ainsi qu’à leurs proches qui vivent ici à Nancy. Mayotte paie un tribut exorbitant à un cyclone ravageur et c’est à ce territoire ultra-marin français ravagé que s’adresse aussi notre solidarité locale.
Sécurité
La sécurité est pour chaque Nancéien une préoccupation légitime et un enjeu du quotidien. La Ville y prend pleinement sa part : le recrutement de 20 policiers municipaux de plus depuis le début du mandat et une nouvelle approche nous ont permis de renforcer leur présence sur le terrain.
Convaincus que l’efficacité en matière de sécurité repose sur une parfaite articulation entre ses acteurs, nous poursuivons un dialogue et un travail constant avec Madame la Préfète, Monsieur le Procureur de la République et Monsieur le Directeur interdépartemental de la Police nationale. Outre la bonne coordination de l’action de nos services respectifs, ce travail au long cours permet d’élaborer ensemble et d’expérimenter de nouvelles mesures comme nous allons le faire dès cette année 2025 : nouvelles mesures face aux vols à l’étalage, avec l’accord du Procureur, qui va habiliter les forces de police à délivrer des amendes forfaitaires délictuelles, expérimentation visant à mieux appliquer et systématiser les sanctions aux cyclistes et utilisateurs de trottinettes contrevenants, une convention entre la Ville et le Parquet de Nancy prévoyant la possibilité de prescrire des stages de sensibilisation contre les auteurs de dépôts sauvages de déchets, travail pour expérimenter l’interdiction des bières et alcools forts à l’unité et enfin charte de la nuit qui est désormais le cadre d’action partagé pour mieux prévenir les nuisances nocturnes, les discriminations et les violences sexuelles et sexistes en soirée, que nous venons de signer avec Madame la Préfète, la police et les professionnels de la nuit.
Je veux aussi exprimer notre préoccupation majeure en matière de sécurité : le trafic de drogues et stupéfiants. Nous constatons, comme partout, des changements profonds : d’un commerce souterrain, à l’abri des regards nous subissons un trafic en plein jour.
La Police municipale prend bien sûr sa part dans la lutte contre les trafics dans le cadre de ses prérogatives, elle ne peut en aucun cas se substituer aux compétences de la Police nationale. Nous attendons des réponses fortes face à cette situation et je remercie d’ores et déjà Mme la Préfète et M. le DIPN de renforcer la mobilisation des forces de police, notamment au Plateau de Haye et dans le quartier Saint-Nicolas et je remercie également M. le Procureur d’avoir relancé le Groupe local de traitement de la délinquance pour le Plateau de Haye.
L’amplification des moyens dédiés à la sécurité, c’est aussi des choix en matière d’action de prévention qui concourent à tranquillité publique avec la création d’une équipe de médiation qui entrera en fonction dès lundi et qui aura un rôle très important à jouer dans les quartiers et auprès des personnes en errance.
Le projet de Halte soin addiction, porté dans le cadre d’une expérimentation de l’Etat, dont un récent rapport d’inspection souligne à nouveau l’intérêt, est plus que jamais d’actualité. La réflexion autour de cette Halte soin addiction a également soulevé la nécessité d’un lieu spécifique d’accueil et d’accompagnement des personnes en errance souffrant d’addiction à l’alcool plus spécifiquement. Nous mettrons ainsi à disposition de notre partenaire du Caarud un local municipal rue Raugraff.
Rives de Meurthe
Choisir cette caserne pour vous retrouver ce matin, c’est aussi choisir un quartier qui se transforme, celui des Rives de Meurthe. Autrefois exclusivement industriel, il accueille aujourd’hui de nombreux logements, des équipements culturels, des commerces, des établissements d’enseignement supérieur.
Ce quartier sera desservi par trois arrêts de la nouvelle ligne de trolleybus. Et vous le savez, c’est le 5 avril que nous vous donnons rendez-vous pour sa mise en service. Il sera 100% électrique, plus confortable, capable d’accueillir plus de voyageurs, mais aussi cohérent avec nos capacités financières. Nous aurons évité les projets qui auraient plombé les finances métropolitaines et notre capacité d’agir pour demain. En tout état de cause, en deux ans à peine, une génération nouvelle, prometteuse, de transport en commun va donc émerger, avant l’arrivée d’Urbanloop à l’horizon 2028. Et je fais avec vous le pari que, quelques jours après sa mise en service, on aura l’impression que le trolley aura toujours été là.
C’est aussi dans ce quartier Rives de Meurthe que nous veillons à réconcilier Nancy avec sa rivière, avec un travail de fourmi, au quotidien, pour reconquérir les berges et la qualité des voies d’eau, tous les étés avec la Plage des 2 Rives, et demain avec de nouvelles passerelles jetées au-dessus du canal, un port de plaisance réaménagé et une Meurthe dans laquelle, un jour viendra, nous pourrons nous y baigner !
Un quartier qui se transforme donc, tout en ayant su garder une activité industrielle en cœur de ville avec Fives Nordon dont nous venons de fêter les 120 ans il y a quelques mois et qui poursuit son développement avec 600 postes à pourvoir d’ici à 2029.
Et notre Ville, notre Métropole, ont un rôle à jouer dans le maintien de notre souveraineté industrielle, française et européenne. C’est le sens de la clause de réciprocité commerciale que nous avons adoptée il y a quelques semaines et qui permettra demain de favoriser nos industries dans le cadre des marchés publics, face aux concurrences déloyales, d’où qu’elles viennent.
2025, poursuite du changement
Les Rives de Meurthe, un quartier qui se transforme disais-je. Mais vous le savez, depuis quatre ans, c’est toute la ville qui change pour mieux répondre aux besoins de ses habitants, à leurs attentes et aux grands défis du dérèglement climatique.
Pas de pause en 2025, Nancy continuera sa transformation avec :
- La création de nouvelles oasis de fraîcheur pour une ville vivable dans les scénarios GIEC. Déjà 150 000 m² d’espaces désimperméabilisés et près de 3500 nouveaux arbres plantés depuis le début du mandat, au centre-ville dans les rues piétonnes, le long de la ligne 1 de trolleybus, dans le quartier Thermal, avenue de la Libération… bientôt place de la République ou encore dans la Petite Grande rue. À venir également, la transformation d’espaces trop minéraux : place des Vosges et placette Saint-Sébastien, également aux abords de certains établissements scolaires et sans oublier les travaux de rénovation de la Pépinière.
- Le lancement du projet de requalification de l’ensemble Carnot Léopold, la préparation du chantier hors norme du Nouvel hôpital de Nancy qui mobilisera 785 millions d’euros et qui permettra au CHRU de conforter son excellence encore soulignée par Le Point, classé parmi les cinq meilleurs hôpitaux français.
- Le lancement du chantier de l’ancienne Faculté de Pharmacie qui accueillera le Centre chorégraphique national Ballet de Nancy. Je veux ici saluer l’arrivée de Maud Le Pladec à la tête du Ballet en ce début d’année et vous dire à quel point c’est une chance d’accueillir à Nancy la chorégraphe de la cérémonie d’ouverture des JO 2024 à Paris.
La ville qui se transforme c’est aussi :
- Le solde de l’héritage de deux chantiers enlisés à notre arrivée et que nous avons sortis de l’ornière : celui de l’Hôtel de la Reine qui a débuté il y a quelques mois et celui du Palais Ducal qui commence enfin en ce début d’année.
- Le dénouement du dossier Emblème, projet de voisine de la tour Thiers que nous avons souhaité stopper et pour lequel une médiation permettra l’aménagement de cet espace, au cœur du quartier centre-gare, au profit d’une ville moins bétonnée, plus respectueuse de l’environnement comme du patrimoine bâti.
C’est encore la vente de l’ancienne École des Beaux-arts, avenue Boffrand, à un grand groupe international qui y implantera un hôtel quatre étoiles. Face à cette belle opportunité que nous avons su saisir, je ne comprends pas que l’on veuille tourner le dos à un atout majeur du développement économique nancéien et renoncer à un investissement privé clé de 24 millions d’euros et sa centaine de nouveaux emplois dans un cadre patrimonial et environnemental ambitieux.
Conjuguer l’ambition environnementale et sociale à l’attractivité économique et commerciale en accompagnant les porteurs de projets, c’est cette méthode que nous revendiquons et que nous appliquons également en matière de vitrines commerciales. Commerces qui sont aussi l’un des miroirs d’une ville, de sa santé comme de son identité – avec 95 ouvertures en 2024 contre 81 en 2023, l’année qui s’est achevée illustre cette dynamique.
Une rue parmi d’autres en témoigne : celle du grand rabbin Haguenauer. En quelques mois s’y sont installés M. Bricolage, Lidl, Le Palais et Basic Fit. Un renouveau du secteur a lieu, chaque enseigne entretenant la bonne santé de ses voisines. Et c’est, à terme, un quartier qui voit son identité se redessiner et dont le renouveau, nous le croyons, pourra entraîner le centre commercial Saint-Sébastien dans une nouvelle dynamique.
Cette dynamique commerciale nouvelle est l’un des fruits des profondes transformations urbaines que nous avons menées, piétonnisation et travaux d’aménagement de la ligne 1 et qui en appellent d’autres.
Après avoir traité l’axe Est-Ouest de la gare à Saint Max par les rues Saint-Jean et Saint-Georges et l’Avenue du XXème Corps, nous ouvrirons dans les mois qui viennent et pour les sept années devant nous la perspective de la requalification de l’axe Nord-Sud du centre-ville, de la Place Saint-Epvre à Jarville, par les rues d’Amerval et Saint-Dizier, l’Avenue de Strasbourg et sur le parcours duquel de grandes transformations sont à venir : Marché central, ancienne fac de pharmacie, Hôpital central, Maternité…
2025, plus que jamais aux côtés des Nancéiens
Mais d’ici là, en 2025, plus que jamais, nous serons à vos côtés et dans toutes les dimensions.
Et la première de ces dimensions, c’est l’habitat. Et pour moi, tout le monde a vocation à habiter Nancy. J’entends par là ceux auxquels le marché permet d’y devenir ou d’y rester propriétaires, mais aussi les ménages pour qui la barre reste un peu trop haute, c’est-à-dire les travailleurs modestes, les jeunes actifs, les familles nombreuses, les personnes âgées aux revenus limités.
C’est pourquoi nous assumons et soutenons la construction de logements neufs qui naîtront des programmes de Nancy Centre Gare, d’Alstom Rives de Meurthe, des Grands Moulins, du Plateau-de- Haye mais aussi dans le centre avec l’ancien site Porte de la Citadelle – Rectorat où 86 logements sociaux verront le jour. Privés ou publics, pour la location ou la vente, dans leur diversité, les programmes de logement que nous mettons en œuvre ont aussi vocation à préserver une ville de la mixité.
Et quand je dis « mixité », c’est parce que je crois au mélange. Le mélange des catégories sociales et professionnelles, des générations, des cultures, des quartiers, le mélange de la communauté des femmes et des hommes qui font la ville, de toutes les Nancéiennes et de tous les Nancéiens, dans leur diversité. Pas par bien-pensance mais parce que c’est un impératif pour garantir une ville pour tous, elle-même garante du développement économique et culturel de notre territoire.
Être aux côtés des Nancéiens, agir en leur direction, c’est agir avec des convictions et avec la boussole de la justice sociale.
La justice sociale quand survient le vieillissement, avec les 100 nouveaux bancs installés chaque année depuis le début du mandat et la perspective de mettre en œuvre la gratuité des transports pour les plus de 65 ans, le soutien à l’installation de nouvelles maisons de santé
La justice sociale pour le savoir. Avec le kit de fournitures scolaires, la gratuité des bibliothèques et des musées ou le 100 % artistique et culturel notamment. Mais aussi la requalification bâtimentaire des écoles, notamment celles accueillant les publics les plus fragiles comme l’école du Placieux où 9 millions d’euros ont été investis et que nous livrerons pour la rentrée.
La justice sociale pour défendre les femmes face aux violences de toutes natures, grâce à la Maison des Femmes qui ouvrira à l’été avec une triple vocation : accueillir en urgence les femmes victimes de violences et leurs enfants, sept jours sur sept, accompagner ces femmes et enfants via un accueil pluri-professionnel et enfin, sensibiliser et former le grand public et les professionnels sur les questions de violences sexistes et sexuelles.
La justice sociale pour les personnes qui vivent avec un handicap, en cette année anniversaire de la loi de 2005, avec la mise aux normes des 300 arrêts les plus fréquentés du réseau de transport en commun et du trolleybus, de la création d’une Unité d’Enseignement en Maternelle Autisme à l’école Gebhart ou des dispositifs Ulis – il y a 120 enfants scolarisés en situation de handicap sur Nancy, 120 raisons d’être engagés.
La justice sociale pour ceux qui ont moins : avec la Fabrique des Solidarités au 32 de la rue (Sainte- Anne), la laverie et la bagagerie solidaire, à la même adresse ou encore la distribution de repas chauds dans le restaurant municipal pendant la période hivernale.
Etre engagés. Se tourner vers l’autre. « Toute vie réelle est rencontre » disait le penseur et humaniste austro-israélien Martin Buber.
Il y a quelques semaines, je visitais la Résidence Autonomie Donop où se tenait un petit marché de Noël. J’y ai discuté avec une résidente, âgée. Elle me disait son bonheur de participer à cet événement, de sortir de sa chambre et de sa solitude, d’échanger avec des gens de la résidence et au-delà. Et c’est une autre conviction : faciliter, encourager les liens, les interactions, figure aussi dans le devoir des élus.
Les rencontres peuvent se nouer également lors d’un projet déposé au budget participatif, un dispositif dans lequel s’engagent chaque année plusieurs milliers de participants, et dont nous allons connaître les résultats de l’appel à projets 2025 dans quelques jours. Le Budget participatif constitue une forme de citoyenneté de proximité, moléculaire et féconde, où, seul ou à plusieurs, on peut s’approprier sa ville et sa citoyenneté.
Ces rencontres, elles peuvent aussi être sportives. Et parce que les clubs et associations jouent un rôle clef, nous veillons à une politique de subventions justes, transparentes, prévisibles, pour répondre aux besoins. Le sport, c’est aussi des équipements, et si, adolescents, nous avons tous connu les joies des vestiaires frisquets et des parquets rugueux, nous agissons pour la rénovation des salles de sport municipales comme les stades Matter, Leprun et Victor.
C’est aussi un enjeu de cohésion sociale et de santé publique, tant on sait que l’activité physique est déterminante pour la santé et le bien-être. C’est bien toutes ces dimensions qui nous animent lorsque nous décidons de reconstruire la piscine de Gentilly, maintenant que le chantier de Nancy Thermal est achevé et que l’ensemble des activités de loisirs et de soins sur le site se déploient.
L’autre se rencontre aussi par sa culture, par la culture. Nancy est une ville à la fois de tradition et de création, où les fêtes pluriséculaires de la Saint Nicolas côtoient la modernité du Nancy Jazz Pulsations, quand des rendez-vous réguliers comme le Livre sur la Place dialoguent avec des initiatives comme la Plage des deux Rives ou les guinguettes, quand les initiatives associatives les plus modestes côtoient la programmation prestigieuse de nos scènes nationales labellisées.
Ne jamais céder au désespoir et au renoncement
La rencontre avec l’autre, si elle est une richesse et une chance, nous en sommes convaincus, nous ne sous-estimons pas non plus qu’elle est aussi parfois un défi.
Elle est un défi pour celles et ceux qui ici vivent les inégalités sociales, le déclassement, le chômage ou les discriminations et qui cèdent aux tentations du repli identitaire.
Elle est un défi pour les habitantes et les habitants du Sud global qui le plus souvent vivent le plus durement la grande compétition mondiale, victimes d’affrontement des grandes puissances subissant le plus durement les ravages du dérèglement climatique dont ils sont le moins responsables.
La rencontre avec l’autre est un défi enfin, ici et partout dans le monde quand la haine de l’autre est attisée par les extrémistes de tous poils, qu’ils revêtent un costume nationaliste ou religieux ou un autre encore, tant l’imagination en la matière est sans limite, trouvant dans chaque misère, chaque fragilité humaine des ressorts sans cesse exploités.
Et si face à eux, face à leurs progrès dans les consciences et à chacun de leur méfaits, les raisons de désespérer ne manquent pas, ce n’est qu’une raison supplémentaire de n’en accepter aucune et ne jamais céder au désespoir et au renoncement.
Souvenons-nous, sur notre sol, il y a dix ans presque jour pour jour, lors des attentats de Charlie Hebdo, des journalistes, des caricaturistes, des policiers, mourraient sous les balles des fanatiques. Nous marquerons ce triste anniversaire par une exposition sur les murs de l’Hôtel de Ville.
Je veux aussi rappeler ici l’attaque de l’Hypercascher, quelques jours après les attentats de Charlie Hebdo. Quatre personnes ont été assassinées parce que juives, nous rappelant que l’antisémitisme tue toujours, en France, au XXIème siècle. Et de ce point de vue il est particulièrement effrayant de constater que cette année, le nombre d’actes antisémites dans notre pays a bondi de près de 200 % et que plus de la moitié des agressions racistes ont un caractère antisémite.
Il y a 80 ans, avec la victoire contre le nazisme, les camps de concentration et d’extermination étaient libérés. Afin de faire œuvre de mémoire et de pédagogie, nous avons entrepris de doter la ville de trois monuments, qui manquaient à notre ville et qui verront le jour en 2025 et 2026 : dans le parc Charles 3 un mémorial à tous les déportés, boulevard Joffre à la mémoire des victimes de la Shoah, et un autre à la mémoire des douze Justes parmi les Nations qui ont été l’honneur de Nancy pendant l’Occupation, devant le lycée Cyfflé.
Et c’est aussi en novembre de cette année que nous marquerons le tragique dixième anniversaire des attaques terroristes du stade de France, des terrasses parisiennes et du Bataclan au cours desquels 130 des nôtres perdirent la vie, parmi lesquels Marie Mosser et 413 autres furent blessés.
Rien ne saurait justifier l’antisémitisme et toutes formes de racisme, aujourd’hui comme hier. Et surtout pas l’actualité au Proche Orient qui, aussi dramatique soit-elle, ne saurait justifier la haine de ceux qui n’ont pas attendu les derniers développements du conflit israélo-palestinien pour la vomir.
De ce côté-là du monde, la lucidité sur la poursuite du drame effroyable qui frappe les civils à Gaza, je pense aujourd’hui à ces nourrissons morts de froid ces dernières heures - drame dont nous ne cessons de réclamer la fin - ne doit pas nous empêcher de chérir les lueurs d’espoir que représentent le cessez- le feu au Liban, si fragile soit-il et j’adresse mes pensées solidaires à nos amis de Kyriat Shmona qui subissent le feu roulant du Hezbollah, et la bouffée d’oxygène que représente la chute du tyran Al- Assad qui a rouvert le champ des possibles en Syrie.
L’effondrement du régime syrien représente pour Poutine la déstabilisation de son réseau d’influence mondial, l’handicapant notamment dans la guerre qu’il mène contre le peuple ukrainien dont nous souhaitons plus que jamais la victoire militaire face à l’oppresseur. Je veux saluer ici nos amis de Vinnytsia qu’avec Karlsruhe nous accompagnons, saluer aussi les réfugiés et la diaspora ukrainienne de Nancy qui savent pouvoir compter sur notre fidèle engagement à leurs côtés.
Partout, les vents mauvais soufflent et les peuples, las, choisissent populisme et nationalisme. L’instabilité et l’inquiétude est de mise, y compris dans les vieilles démocraties. Des élections anticipées auront lieu en Allemagne en février. Et dès le 20 janvier, Donald Trump reviendra à la Maison Blanche, avec la volonté affichée de s’affranchir d’un certain nombre de règles fondamentales de droit, du progrès social ou d’impératifs écologiques.
Et il n’est pas inutile ici de rappeler que la démocratie est à la fois chose précieuse et fragile mais aussi relativement rare : 71% des habitants de la planète vivent en 2025 sous un régime autocratique.
Ce tableau sombre nous invite à chercher la lumière et permettez-moi de revenir aux policiers Justes parmi les Nations de Nancy que j’évoquais un peu plus tôt. Leur fois dans l’humanité, leur refus des ténèbres, leur courage, leur haute idée de la responsabilité individuelle sont autant de fiertés pour nous les Nancéiens. Ils ont incarné à leur manière (et quelle manière) le bel héritage des humanistes de l’Ecole de Nancy.
Voilà qui nous sommes, Nancéiennes et Nancéiens, nous savons regarder notre histoire avec lucidité de Barrès à Camille Schmitt, mais nous choisissons nos héritages.
Nancy est cette terre française et européenne d’humanités, d’ouverture au monde, de solidarités du quotidien. Nous devons porter nos valeurs, nos réussites, nos talents avec fierté et simplicité. Nul besoin de s’agiter, nul besoin de forcer le trait, nul besoin de dénigrer autrui.
Notre force sera d’être au printemps prochain la ville hôte de la signature du nouveau traité bilatéral entre la France et la Pologne à Nancy par le Président de la République française et le Premier ministre polonais. Notre force est d’accueillir 50 000 étudiants dont 8 000 internationaux chaque année. Notre force est de porter des institutions culturelles françaises de premier plan, notre force est d’inventer les mobilités de demain, d’être à la pointe mondiale de la recherche sur les maladies chroniques de l’intestin. Nancy a de la force parce que ces talents et tant d’autres trouvent à s’y réaliser, en embrassant en pleine conscience ces valeurs qui fabriquent du commun.
Ce commun qui semble tant manquer à notre pays. La France apparaît déboussolée et inquiète, en même temps que pleine des promesses folles comme les JO l’ont admirablement souligné. Plus que jamais à l’échelle de nos territoires, nous devons incarner la stabilité et la solidité, montrer que l’action publique peut répondre aux attentes des citoyens.
Nul ne sait de quoi sera faite l’année politique française, mais ce qui m’inquiète le plus c’est d’entendre un nombre croissant d’entre vous ici et ailleurs s’en détourner par dépit de voir leur vote déconsidéré ou par dégoût de ne plus croire en personne.
L’antidote ne peut se limiter au territoire mais ne pourra pas non plus faire effet sans lui. Le gouvernement et le Parlement doivent entendre l’appel des territoires et des élus locaux à soutenir la décentralisation et l’action des collectivités, plutôt que l’affaiblir encore et toujours. N’oublions pas que le risque est grand de voir entrer à son tour la France dans l’ère de la post-démocratie faisant poindre un autoritarisme hors sol dont le nationalisme et l’extrême droite peuvent, demain, devenir les grands bénéficiaires.
Nous prenons ici à Nancy la part qui est la nôtre, à notre place, modestement mais avec conviction, en utilisant tous les leviers qui sont à notre disposition pour réparer, apaiser et protéger, en faisant de chaque politique publique un antidote face au poison des passions tristes qui travaillent la société française.
Permettez-moi en conclusion d’emprunter aux sapeur-pompiers, non seulement leur caserne, mais aussi leur devise, « courage et dévouement ».
Nous savons leur engagement en ce sens au service des populations. Croyez au nôtre dans l’exercice du mandat que vous nous avez confié.
Je vous adresse mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année.